Pourquoi
les saisons tombent-elles toujours aux mêmes date ? Cela est dû
à notre calendrier, le calendrier grégorien, qui est construit
de manière à avoir une longueur moyenne de l'année la plus
proche possible de la révolution tropique de la Terre. Comme la révolution
tropique n'a pas un nombre entier de jour, si on prend une année calendaire
de 365 jours, il y a un décalage de 0,2422 jour d'une année à
l'autre dans la date des saisons et, au bout de quatre ans, ce décalage
est presque de un jour. Pour compenser ce décalage on a, dans un premier
temps, ajouté un jour à l'année tous les quatre ans (année
bissextile de 366 jours). C'est ce que faisait le calendrier julien élaboré
par Jules César en 46 av. J.-C. Mais si on ajoute un jour tous les quatre
ans, la valeur moyenne de l'année calendaire est de 365,25 jours. Elle
est donc un peu trop grande par rapport à l'année tropique. Donc
si on se contente d'ajouter une année bissextile tous les quatre ans
les saisons vont se décaler lentement par rapport au calendrier à
raison de 0,0078 jour par an (11min 14s par an). Le calendrier julien suit donc
mal les saisons. Il se décale d'environ 3 jours au bout de 400 ans. Pour
avoir une meilleure concordance entre le calendrier et les saisons, il suffit
de supprimer 3 jours sur une période de 400 ans. C'est ce que l'on fait
dans le calendrier grégorien. Comme dans le calendrier julien, on ajoute
une année bissextile tous les quatre ans (ceux dont le millésime
est multiple de quatre) sauf pour les années qui sont multiples de 100
sans l'être de 400. Ainsi 1600 et 2000 sont bissextiles, mais 1700, 1800,
1900 et 2100 ne sont pas bissextiles. Cette réforme du calendrier a été
effectuée par le pape Grégoire XIII en 1582. De plus, pour supprimer
le décalage accumulé entre les saisons et l'ancien calendrier
(calendrier julien) et ramener la date de l'équinoxe de printemps au
21 mars, l'année 1582 a été raccourcie de 10 jours, le
lendemain du jeudi 4 octobre 1582 devenant le vendredi 15 octobre 1582. Les
dates des saisons dans le calendrier grégorien. Nous l'avons vu, le calendrier
grégorien est conçu pour éviter le décalage des
dates des saisons que nous avons constaté dans le calendrier julien.
Les dates des saisons restent donc toujours au voisinage des mêmes dates
dans le calendrier grégorien. L'utilisation des années bissextiles
fait osciller l'instant des saisons sur trois et, exceptionnellement, quatre
jours. Les dates de l'équinoxe de printemps. Aux XIXème et XXème
siècles, l'équinoxe de printemps tombe toujours le 20 ou le 21
mars. Dans le passé il est tombé le 19 mars en 1652, 1656, 1660,
1664, 1668, 1672, 1676, 1680, 1684, 1685, 1688, 1689, 1692, 1693, 1696, 1697,
1780, 1784, 1788, 1792 et 1796. Il tombera de nouveau le 19 mars en 2044. Les
dates du solstice d'été. Dans le calendrier grégorien,
le solstice d'été peut tomber les 19, 20, 21 ou 22 juin. En général,
il tombe le 21 juin. Il est tombé un 20 juin en 1896 et tombera de nouveau
à cette date en 2008. Il est tombé un 22 juin en 1975 et tombera
de nouveau à cette date en 2203, 2207, 2211 et 2215 puis en 2302. Le
solstice d'été tombera un 19 juin en 2488 (et ce sera la première
fois depuis la création du calendrier grégorien) puis en 2492
et 2496.. Les dates de l'équinoxe d'automne. Dans le calendrier grégorien,
l'équinoxe d'automne peut tomber le 21, 22, 23 ou 24 septembre. Il tombe
en général le 22 ou le 23 septembre. Il tombera le 21 septembre
en 2092 et ce sera la première fois depuis la création du calendrier
grégorien. Cela se reproduira en 2096, puis en 2464, 2468, 2472, 2476,
2480, 2484, 2488, 2492, 2493, 2496 et 2497. Il est tombé un 24 septembre
en 1803, 1807, 1903, 1907, 1911, 1915, 1919, 1923, 1927 et 1931, il tombera
de nouveau à cette date en 2303. Les dates du solstice d'hiver. Dans
le calendrier grégorien le solstice d'hiver peut tomber le 20, 21,22
ou 23 décembre. Il tombe en général le 21 ou le 22 décembre.
Il est tombé un 23 décembre en 1903 et tombera de nouveau à
cette date en 2303, 2307, 2311 et 2315. Il est tombé un 20 décembre
en 1664, 1668, 1672, 1676, 1680, 1684, 1688, 1692, 1696 et 1697 et tombera de
nouveau à cette date en 2080, 2084, 2088, 2092, 2096, 2488, 2492 et 2496.
La durée des différentes saisons La longueur des saisons. Il suffit
de consulter un calendrier pour vérifier que les longueurs des différentes
saisons ne sont pas égales. Par exemple durant l'année 1998, l'hiver
a duré 89 jours, le printemps 92 jours 18 heures, l'été
93 jours 15 heures et l'automne 89 jours 21 heures. Cette variation des longueurs
des saisons provient du fait que la vitesse du barycentre Terre-Lune sur son
orbite autour du Soleil n'est pas un mouvement uniforme. C'est une conséquence
immédiate de la seconde loi de Kepler. La vitesse orbitale n'est pas
constante. Lorsque le barycentre Terre-Lune est au plus près du Soleil
(à son périhélie) sa vitesse est maximale et lorsque le
barycentre Terre-Lune est au plus loin du Soleil (à son aphélie)
sa vitesse est minimale. Or actuellement le barycentre Terre-Lune passe au périhélie
début janvier et à l'aphélie début juillet. Donc
la Terre est plus rapide sur son orbite en janvier et l'hiver est la saison
la plus courte, de même elle est la plus lente en juillet et l'été
est la saison la plus longue. Cette figure montre bien que la saison n'est pas
fonction de la distance entre le Soleil et la Terre. Actuellement, dans l'hémisphère
nord, la saison la plus froide (l'hiver) correspond à l'époque
où le Soleil est le plus près de la Terre et la saison la plus
chaude (l'été) correspond à l'époque où le
Soleil est le plus loin de la Terre. L'évolution de la longueur des saisons
Si les positions du périhélie et de l'aphélie du barycentre
Terre-Lune étaient constantes dans le temps, la durée des différentes
saisons serait, elle aussi, constante. Mais l'orbite du barycentre Terre-Lune
tourne dans son plan dans le sens direct à raison d'environ 12" par an
(soit une révolution en environ 100000 ans). La précession des
équinoxes s'effectue dans le sens contraire (sens rétrograde)
à raison de 50,2877" par an (soit une révolution en environ 26000
ans). La combinaison de ces deux mouvements permet de calculer la période
du passage du périhélie de la Terre par la direction de l'équinoxe
de printemps, cette période d'environ 21 000 ans est appelée précession
climatique. En effet, tous les 10500 ans (demi-période de la précession
climatique) l'aphélie passe de l'été à l'hiver.
Or même si la distance Terre-Soleil n'est pas le facteur prédominant
dans la nature des saisons, la combinaison du passage de la Terre à l'aphélie
en hiver donne des hivers plus rudes. Un peu d'histoire. La précession
des équinoxes et la longueur de l'année tropique Le nom d'Hipparque
de Nicée (env. 190 - env. 125 av. J.-C.) est lié à la découverte
de la précession des équinoxes. Pour découvrir ce lent
mouvement de la ligne des équinoxes, deux méthodes d'observations
sont possibles. La première consiste à mesurer les variations
des longitudes des étoiles au cours du temps. Cette méthode est
cumulative, car chaque année la longitude croit d'une valeur faible mais
constante. La deuxième méthode consiste à mesurer l'écart
entre l'année tropique et l'année sidérale. Nous savons
grâce à Ptolémée (IIème siècle après
J.-C.) qu'Hipparque a utilisé ces deux méthodes. Et c'est vraisemblablement
la première qui fut à l'origine de sa découverte de la
précession des équinoxes. Pour cela il compara la distance de
Spica dans l'Épi de la Vierge (l'étoile alpha Virginis) avec l'équinoxe
d'automne aux dates des observations de Timocharis, observations faites entre
294 et 283 av. J.-C. et la valeur de cette même distance à son
époque, et il trouva une variation dans la longitude de l'étoile
de 2° sur la période de 160 ans séparant les deux mesures.
Pour la détermination des valeurs de l'année tropique et de l'année
sidérale, Hipparque utilisa dans un premier temps des observations faites
entre 162 et 128 av. J.-C., mais les valeurs calculées à partir
de ces observations semblaient indiquer une valeur variable de l'année
tropique en fonction du temps. Finalement, il se limita aux observations des
solstices qu'il avait effectuées lui-même en 135 av. J.-C., aux
observations faites par Aristarque en 280 av. J.-C. et aux observations faites
par Méton, en 432 av. J.-C. Pour l'année tropique il trouva une
valeur de 365 jours 1/4 moins 1/300 jour (soit 365 jours 5h 55m 12s) et pour
l'année sidérale, il trouva une valeur de 365 jours 1/4 plus 1/144
jour (soit 365 jours 6h 10m 0s). Ces valeurs sont assez proches des valeurs
actuelles. La longueur des saisons Le Papyrus d'Eudoxe, nous informe que Callipe
(vers 370-330 av. J.-C.) fut un des premiers astronomes à déterminer
avec précision la longueur des différentes saisons. Il trouva
(94, 92, 89 et 90 jours) à partir de l'équinoxe de printemps.
Hipparque améliora ces valeurs et trouva (94 1/2, 92 1/2, 88 1/8 et 90
1/8) toujours à partir de l'équinoxe de printemps. On remarquera
que ces valeurs sont très différentes des valeurs actuelles et
cela est normal. En effet, si l'on tient compte de la précession climatique,
l'angle entre le périhélie et l'équinoxe de printemps était
à l'époque d'Hipparque 34° plus grand qu'actuellement. Le
périhélie tombait donc en automne et l'aphélie au printemps,
et la saison la plus courte était effectivement l'automne et la saison
la plus longue, le printemps.